Pourquoi un tel engouement pour ce format ?

Matthieu Robet : L'information, au départ décentralisée sur tous nos outils, s'est de plus en plus concentrée sur un seul accessoire : le smartphone. On l'utilise partout, c'est devenu un réflexe et le moyen privilégié d'aller chercher l'information souhaitée. Dès lors, les formats ont dû changer pour rendre le contenu accessible. L'internaute va rarement swiper 10 pages pour découvrir l'intégralité de l'information qu'il est venu chercher. On s'est rendu compte qu'il passait également de moins en moins de temps à regarder les vidéos ce qui a conduit à produire des formats plus courts et plus cut, à la Konbini ou Brut. Le podcast permet, pour la première fois depuis longtemps maintenant, d'avoir accès à une information structurée et détaillée qui creuse en profondeur le sujet, sans avoir le regard rivé sur son écran. A l'heure où on ne parle que de déconnexion, on peut parler de première étape. Surtout quand les programmes sont disponibles sans connexion. L'audio permet aussi une bonne mémorisation des messages. On découvre, on apprend, on se laisse bercer, avec la même souplesse qu'avant. Les programmes sont accessibles à tout moment et n'importe où. Bref, l'info mobile n'a jamais été aussi mobile.

Qu’est-ce qui fait un bon podcast ?

M.R : Pas de place pour l'improvisation. Un podcast se prépare en amont. L'aspect rédactionnel est la clef du succès. Puisqu'on peut profiter d'un format plus long, profitons-en pour structurer notre message, de manière simple et directe, sans digression ni aparté. Avec un angle qui tiendra en haleine notre public jusqu'au bout du podcast. La voix est aussi bien sûr essentielle. Si l'exercice semble plus simple qu'un tournage face caméra, lire un texte derrière un micro exige aussi une certaine qualité de prestation. N'oublions pas que quand on regarde une vidéo, notre concentration se partage entre l'image et le son. Avec le podcast, on est focus à 100% sur l'audio. Pas de panique : inutile d'être Pierre Bellemare pour être la star du podcast. Mais il est important de poser une voix assurée, qui lit à une vitesse compréhensible, et qui articule au mieux tous les mots. Enfin, le podcast c'est aussi une musique. Un jingle qui va donner le ton à votre série. Un habillage sonore qui va soutenir et rythmer le discours. Un mix qui va assurer le doux mariage entre la voix et le fond sonore. Là aussi, je vous rassure : pas la peine de faire appel aux bons soins de Vladimir Cosma. Certes, composer une musique originale est toujours un plus et cela reste un budget très honnête. Et puis il existe aujourd'hui des tas de sons libres de droit. Mais fouiller dans ces librairies virtuelles pour trouver LE son qui colle à votre image demande un vrai temps de recherche qu'il ne faut pas bâcler pour prendre la première musique venue qui viendrait parasiter notre discours.

Peut-on aborder tous les sujets ?

M.R : Sans hésitation, oui ! Pourvu qu'on s'adapte au sujet. Toutes les thématiques peuvent être traitées : la présentation d'un métier ou d'un projet d'entreprise, le partage de conseils et de bonnes pratiques, la découverte d'un nouveau service... Le podcast a aussi plusieurs visages : il peut être une analyse, un débat, une interview, un billet d'humeur... Il informe, il fédère ou encore il amuse, il détend, en décollant enfin le nez de nos écrans. Bref, on n'a pas fini d'entendre parler du podcast et c'est tant mieux.